La tête dans le sable

Au bilan de ce nouveau sommet, de laborieux compromis à propos de la Biélorussie et de la Turquie ont été adoptés sur le thème du « retenez-moi ou je fais un malheur ». Il ressort bien peu de concret du sommet, si ce n’est… la convocation d’un prochain sommet informel en novembre, qui sera consacré aux relations avec la Chine. Celles avec la Russie n’ont pas cet honneur. La réduction des dépendances stratégiques européennes vis à vis des États-Unis ont également conduit les chefs d’État et de gouvernement à demander à la Commission de tardivement concentrer ses efforts financiers dans le domaine des nouvelles technologies.

La déflation en zone euro a été superbement ignorée, l’inflation reculant pourtant en septembre de 0,3% sur un an selon Eurostat, faisant craindre le démarrage d’une spirale déflationniste. Mais il n’en a pas été question lors du sommet, alors que le spectre de la « japonisation » plane, cette situation où l’on est pris au « piège de la liquidité » décrit par Keynes. Certes la zone euro n’est pas le Japon, mais le début de phénomène que nous connaissons ressemble furieusement au piège duquel ce pays ne parvient toujours pas à sortir. Faute de le traiter, il est donc laissé aux bons soins de la BCE de le combattre, dont la stratégie laisse sceptique au vu de ses résultats.

Il continue d’être affirmé que la dette des pays riches devra être remboursée et que la croissance y pourvoira (l’inflation n’allant pas l’éroder comme dans d’autres périodes, vu son niveau). Mais le problème de l’endettement est mondial, s’il permet de financer les plans de relance des pays riches, il asphyxie les pays pauvres qui ne peuvent faire face à leurs remboursements. Grace aux mesures de soutien de la Banque Mondiale et du FMI, ils sont sous assistance respiratoire, mais pour combien de temps ? Le FMI alerte de la venue prochaine d’une crise de la dette à dimension systémique, car plus le problème est repoussé, plus il va s’aggraver. Une vaste et difficile restructuration de la dette des pays pauvres doit être entreprise sans tarder, mais elle va supposer l’ouverture de négociations avec un vaste éventail de créanciers privés. Nous n’en sommes plus au temps du Club de Paris, ce lieu de restructuration de la dette publique, vu l’importance grandissante des créanciers privés.

Comment ne pas suivre le chemin du Japon ? Comment rendre à nouveau solvables des pays qui ne le sont plus (pour les autres c’est encore masqué) ? Ignorer ces deux questions faute de savoir y répondre aura comme conséquence immanquable de se retrouver demain confronté à elles sans s’y être préparé. On dit que gouverner c’est prévoir, encore une idée fausse !

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